- AHNENERBE ET LEBENSBORN
- AHNENERBE ET LEBENSBORNAHNENERBE & LEBENSBORDeux organismes SS demeurent mystérieux: l’Ahnenerbe (Héritage des ancêtres) et le Lebensborn (Source de vie).Le but de l’Ahnenerbe, fondé en 1933 et rattaché à la SS en 1936, n’a apparemment rien de mystérieux: «Rechercher l’espace, l’esprit, les actes et l’héritage de la race nordique indo-germanique, et communiquer au peuple les résultats de ces recherches sous une forme intéressante.» Il ne s’agit donc, sous la direction du professeur Wurst, assisté de Wolfram Sivers, que d’une société scientifique comme une autre, avec peut-être une vocation particulière de propagande. Son objet même la place au centre de l’univers SS. L’Ahnenerbe devient rapidement une «centrale de recherches raciales». Elle comprend plus de cinquante départements scientifiques et une quinzaine de commissions de recherches. Parmi ses animateurs, on compte de nombreux universitaires dont plus de trente professeurs de faculté. Trois directions de recherches principales: l’héritage proprement dit (Erbe ); l’espace (Raum ) et l’esprit (Geist ). Ainsi, la préhistoire fait bon ménage avec la géopolitique et avec la philosophie. Le but de l’Ahnenerbe est de confirmer, de moderniser et de compléter les hypothèses racistes du siècle précédent. Dans un étrange mélange d’esprit scientifique et de ferveur romantique, il s’agit d’expérimenter à nouveau tous les fondements de la connaissance. «Après plus de mille ans de dictature spirituelle du judéo-christianisme sur l’Europe, nous pensons qu’il faut tout prouver à nouveau», dira un des «chercheurs» de l’Ahnenerbe, d’origine néerlandaise.Aucun domaine ne devait rester étranger à l’Ahnenerbe, malgré sa prédilection pour l’Antiquité germanique. Le Dr Scheffer organise en 1939 une expédition au Tibet. Il pénètre dans la ville interdite de Lhassa et prend d’étranges contacts avec les prêtres de lamaseries. Louis Pauwels et Jacques Bergier prétendent dans Le Matin des magiciens que le IIIe Reich a peut-être dépensé davantage pour les recherches de l’Ahnenerbe que les États-Unis pour la fabrication de la première bombe atomique. Pendant des années, les rapports s’accumulèrent et les recherches ne furent pas interrompues par la guerre, au contraire. Même si elles ne semblent pas directement liées à des buts militaires, certaines des activités de l’Ahnenerbe dépassent de beaucoup les limites de la recherche scientifique «normale», comme en témoigne la collection de squelettes du professeur Hirt, de l’université de Strasbourg, qui fit exécuter pour la constituer une cinquantaine de déportés. Ces exécutions valurent la potence à Wolfram Sivers et un procès à trois de ses collaborateurs poursuivis devant un tribunal de l’Allemagne fédérale en automne de 1970.L’association Lebensborn est fondée en 1936 et, comme l’Ahnenerbe, rattachée directement à l’état-major du Reichsführer. Son but est clairement défini: soutenir les familles nombreuses de bonne valeur raciale et de bonne hérédité biologique. Himmler spécifiait dès cette époque qu’il comptait bien s’occuper des mères sans mari et des enfants sans parents. Dans les premiers jours de la guerre, le Reichsführer devait signer un ordre du jour sans équivoque: «Hommes de la SS, et vous, mères des enfants dont l’Allemagne a besoin, prouvez que, si vous êtes prêts à combattre et à mourir pour l’Allemagne, vous l’êtes aussi à transmettre la vie pour elle.» Il était dans la logique de l’idéologie nationale-socialiste de préciser que le sort des armes n’était pas à lui seul décisif et que le plus important restait la conservation et la transmission du «capital» biologique allemand. La mission de la SS n’était pas seulement d’éliminer les adversaires du IIIe Reich mais aussi de donner le jour à une nouvelle génération d’enfants de race nordique. Il fallait donc favoriser la natalité, sans se préoccuper si les parents étaient mariés ou non et il fallait élever les enfants nés de ces unions. On a parlé à propos de l’association Lebensborn de haras humains. On a même donné des détails sur l’organisation de rencontres à but reproductif entre jeunes filles et jeunes gens sélectionnés; rien ne manquait, pas même les clairs de lune, à ces idylles hâtives. En réalité, il y eut huit maisons d’accouchement et six homes d’enfants. L’organisation n’évolua qu’avec la guerre. On recueillit alors dans les foyers Lebensborn des enfants étrangers, polonais, tchèques ou serbes orphelins ou même arrachés à leur famille; ils avaient cependant été reconnus de race nordique et devaient être élevés selon les principes nationaux-socialistes. On cite le chiffre de 80 000 enfants ainsi «germanisés» par le Lebensborn.
Encyclopédie Universelle. 2012.